Aujourd’hui, on parle beaucoup d’Intelligence artificielle, de robotique, de numérique. Pour mieux contextualiser ce que notre temps révèle, il faut dire ici que nous sommes entrés réellement dans l’ère du numérique il y a déjà maintenant plusieurs décennies. C’est l’informatique et l’automatisation des tâches qui changent la vie.économique, domestique, sociétale. Si nous sommes à l’ère du robot, nous ne sommes toujours pas dans celle de l’IA (ici, j’aurais l’occasion de revenir sur le sujet dans un autre article). Ce point est très important car il souligne une période qui, si elle n’est as régie par la machine, est complètement inondée en revanche de machines. Je veux évidemment parler des robots. Un peu par fainéantise intellectuelle, on rassemble toutes les innovations techniques d’automatisations sous l’appellation “Nouvelles technologies”. Voir à ce propos notre sujet sur les NTIC. Dans cet article, essayons de décrypter ce qui peut relever de la menace pour l’Homme en faisant un petit bilan et de la prospective.
Quel bouleversement technologique sans projet sociétal ?
Des pertes d’emploi, une grande crise sanitaire mondiale et une catastrophe écologique sans précédent, ces bouleversements sont induis par l’Homme. Nous sommes très (certains disent trop) nombreux sur la planète Terre pour que cette dernière puisse subir tous ces bouleversements sans avoir des conséquences. Cependant, les pays, s’ils ont parfois des bannières communes, ont véritablement rarement des intérêts communs. Les mouvements sociaux, le guerres déclenchées et déséquilibrées entre nations sont les soubresauts d’un mal plus profond : Une incohérence et une cacophonie de la gouvernance mondiale mettant en avant une évidence : Un manque de projet sociétal.
Ce petit laïus fait écho avec des changements non pas conceptuels mais techniques des modes de vie. Qui aujourd’hui vit réellement de la terre dans nos contrées occidentales ? Très peu de personnes. C’est un paradigme au regard des sociétés en croissance du passé. Des civilisations plus anciennes vivaient de l’agriculture où le plus grand nombre travaillait la terre et était en même temps en mesure de monter des systèmes de gouvernance, parfois de redistribuer, parfois de faire la guerre également. Les crises existaient mais le refuge de la terre aussi. La différence tient dans l’apport d’automatisation des procédés de production. Aujourd’hui, la réflexion de l’automatisation, qui remonte à la première ère industrielle, s’est généralisée. Cet réalité se matérialise par une fluidité des investissements et une observation plus réelle de la montée des bénéfices dans une économie qui s’adapte comme elle peut.
Quelle valeur ajoutée a la technologie dans l’économie ?
C’est une vraie question que la valeur ajoutée, déjà évoquée par l’économiste Ricardo. On évite le plus souvent d’évoquer cette question et elle est même trop souvent ignorée en micro-économie. Qui regarde la valeur ajoutée dans une compte de résultat ? A peu près personne et certainement pas les décisionnaires si le point central de la réflexion est le bénéfice, l’EBE ou le chiffre d’affaires. Et c’est un tort parce qu’elle devrait (doit) intégrer les projets sociétaux d’une entreprise donnée, également une réflexion poussée en marketing. Pour faire une analogie très connue et simpliste, la valeur ajoutée peut se comprendre par exemple dans le fait de ramasser la pomme qui est tombée du pommier. A terre, cette pomme, produit de la nature n’a pas de valeur autre que ce qu’elle pourrait devenir : Un fruit gâté et mangé par les animaux, un arbre, etc. Ramassée, elle n’est plus simplement pomme, elle devient potentiellement produit que l’on peut vendre par exemple au marché du village ou ré-exploiter pour la production de nouvelles pommes.
Apportez la machine et l’automatisation du ramassage des pommes, vous réduisez le temps et de manière micro-économique le coût. Vous réduisez la valeur ajoutée.
Est-ce grave docteur ? Oui et non à ce stade. Si la valeur ajoutée diminue, les bénéfices peuvent quant à eux augmenter. En réduisant la valeur ajoutée, vous diminuez également les besoins humains et donc supprimez des emplois. De là à faire le parallèle entre la valeur ajoutée et l’emploi, il n’y a qu’un pas qu’il faut donc franchir. De là à comprendre que la machine détruit des emplois (mais en crée d’autres, moins nombreux), c’est aussi facile à comprendre. Comprendre en revanche que la valeur ajoutée conditionne la pérennité des exploitations au regard des marchés, c’est en revanche bien plus complexe.
La course en avant technologique faite pour créer de la valeur ?
Prenons l’exemple du verger à nouveau. Si, dans une réflexion plus globale, la rentabilité peut augmenter, les coûts diminuant, notre producteur de pommes a intérêt à vendre au meilleur prix ses produits sur le marché. Je ne reviendrai pas ici sur le coût d’une pomme au supermarché mais vous vous doutez bien. Évidemment, celles et ceux qui n’ont plus d’emploi auront plus de difficulté à acheter les pommes produites. Cela dit, le marché existe bel et bien et le producteur voudra logiquement retrouver de la valeur au regard de la concurrence et surtout de ses consommateurs, si possible en ne luttant pas sur les prix mais sur d’autres formes de valeur ajoutée; l’emballage par exemple. Ici la phase de marketing est très importante (en réalité, toujours). L’automatisation de ses processus de vente, une nouvelle fois, va conduire à la réduction de la valeur ajoutée. En marketing, l’automatisation diminue la valeur mais on a besoin de marketing pour en créer ; C’est un paradoxe.
Plus de technologie diminue la valeur et déplace les besoins de ressources énergétiques
Alors, comment faire si la valeur ajoutée diminue avec l’amélioration technique des process ? Tout simplement en étendant l’activité du verger. Les bénéfices engendrés lors des années permettent l’investissement dans de nouveaux terrains et de nouveaux plants d’arbres. Là encore, les processus techniques s’améliorent pour favoriser des récoltes toujours plus grandes. En limitant l’action de l’homme, en limitant aussi l’action de la nature par l’ajout de produits chimiques, la suppression des éléments pathogènes à la pomme, on crée au final une gigantesque industrie agricole qui aura donc en toute logique des effets néfastes sur non seulement la société humaine, plus directement sur l’environnement.
La technologie met-elle en crise l’environnement ?
La vraie consommation de valeur se déplace sur la consommation énergétique. Un robot a besoin d’électricité, des véhicules automatisés, parfois du pétrole, du charbon, etc. ces denrées énergétiques ne sont jamais renouvelable. L’énergie (même l’éolien) ne se renouvelle d’ailleurs pas. Les ressources en énergie sont fondamentalement limitées sur la planète. L’énergie transformée, c’est aussi quelque chose de paradoxal en ce sens qu’il faut de l’énergie pour transformer les choses.
Les gigantesques data center sont néfastes pour la planète et la réflexion écologique doit prendre en compte tous ces échanges de données. C’est presque impossible de faire sans dès lors que l’on se penche sur un projet sociétal. La clef du risque environnemental passe par la diminution de l’impact écologique des outils humains qui se développent et se développeront ces prochains siècles, ceux qui permettent l’échange automatisé d’informations.
L’intensité technologique met elle en péril les sociétés humaines ?
Reprenons la question de la valeur ajoutée ci-dessus. Si vous investissez dans l’économie, créez ou reprenez une entreprise, vous regarderez avec intérêt le résultat Brut d’exploitation. Mais en bon entrepreneur, vous aurez un œil sur la valeur ajoutée de l’organisation car c’est bien là que vous verrez un potentiel de simplification des process, pour votre nouvelle gouvernance. L’automatisation risque de détruire des emplois, en créer d’autres (pourvu que des gens soient formés à cela) et vous verrez donc la possibilité de déplacer des coûts internes sur des coûts externes très consommateurs en ce qui les concerne l’énergie. C’est logique et sains en fait de réfléchir à ces questions. En revanche, déplacer les coûts et perdre de la valeur ajoutée interne est un pas en avant vers une extensivité de la production.
Aujourd’hui, la technologie n’est déjà plus seulement extensive ; L’homme est technologique ou en passe de le devenir définitivement. Intensive et extensive, la technologie peut donc conduire à un paroxysme de la consommation des ressources énergétiques sous toutes leurs formes, engendrant l’incapacité de créer de nouvelles valeurs ajoutées, les plus faibles soient elles. La rationalisation et l’économie des couts technologiques consiste un enjeu pour la survie des hommes et plus globalement pour les sociétés, en plus de l’environnement terrestre qui pourrait logiquement conduire à une dégradation encore plus rapide. On parlait d’or noir pour le pétrole, on pourra aisément parler d’or tout court avec l’énergie.
X.D